† I'm ready for the fight and fate... †

†††

Vous connaissez sans doute cette musique de Woodkid intitulée " Iron" ( si ce n'est pas le cas, je ne peux que vous encourager à la découvrir), tout comme moi, le clip et la musique se sont sûrement insinués dans votre cerveau, vous obligeant à appuyer inlassablement sur le bouton replay tout en ignorant les supplications de votre index endolori et agonisant. Iron sonne comme le chant lancinant d'un guerrier avant la bataille, effrayé mais déterminé à se battre. C'est de cette chanson, de ces paroles qu'est né le projet de mon tatouage sur le torse représentant un aigle luttant contre un serpent. Il représente à mes yeux la lutte, le combat qu'est la vie, car oui elle n'est pas un long fleuve tranquille ( elle serait ennuyeuse si c'était le cas). Je suis conscient que je fais partie d'une génération pour qui la vie ne fera pas de cadeau et qu'il faudra que je me batte ( comme tout à chacun) pour m'en sortir dans un monde qui je l'avoue, me fait un peu plus peur chaque jour ( je me dis souvent que je suis né à la mauvaise époque). Le tatouage est pour un bon nombre de personnes je crois, une sorte de carapace, d'armure qui vise à nous rendre plus fort ( pas d'un point de vue physique, bien entendu), c'est en tout cas pour moi un moyen de me donner cette assurance qui m'aidera à franchir les obstacles de la vie et de fixer à jamais sur ma peau ce qui est primordial à mes yeux ( des valeurs, des gens, des évènements...)

Ce sont plus exactement ces paroles qui m'ont parlé: 

                                                                                       
-I'm frozen to the bones, I am a soldier on my own, I don't know the way

Je suis glacé jusqu'aux os, je suis un soldat de mon propre chef, je ne connais pas le chemin

-I'm waiting for the call, the hand on the chest, I'm ready for the fight, and fate

Je demeure en attendant l'appel, la main sur la poitrine , je suis prêt pour la bataille, et la mort (  mon destin)

Nous sommes tous, je crois encore une fois, plus ou moins effrayés ou intimidés par l'avenir, par ce que nous réserve la vie, " nous ne connaissons pas le chemin " qu'il faut emprunter  mais une chose est certaine, le jour où cela est nécessaire, où l'on rencontre l'adversité, il faut se battre, user de toute notre détermination et de notre courage pour s'en sortir au mieux, et dieu seul sait que la vie est une lutte perpétuelle ( argent, boulot, santé, amour...). 

Quoi de mieux quand on est un inconditionnel du old school qu'un aigle luttant bec et ongles et tenant dans ses serres un serpent menaçant? 

C'est donc un 4 septembre, à 14h00 que mon torse allait se noircir...

Partir à la bourre pour le RDV- planquer toute sa tune sur soi à 3 endroits différents et se dire " putain c'est chaud "- crever de chaud- Marcher comme Speedy Gonzales- voir des bouilles connues sur le trajet- rencontrer plein d'autres tatoués- Arriver au shop trempé- entendre un mec parler d'une histoire d'oiseaux et rien capter- descendre et voir son dessin grandeur nature- poser avec précision les stencils- se rendre compte qu'on a une épaule qui se barre en couilles ( les 15 kilos de la tonnelle n'y sont pas pour rien)- Parler  de statues Jésus, Marie, de têtes de cerfs et de babioles caniches et de trucs vintage avec le tatoueur- prendre une inspiration et se poser sur le dos- le premier contact de l'aiguille- une douleur qui n'est pas si terrible finalement- une douleur qui se fait un peu plus grande au fur et à mesure que l'on entame le plexus-l'impression de se faire déchirer les tétons au compas- serrer les dents- un tas de gens avec de drôles de projets- des gens qui semblent être arrivés au mauvais endroit- des personnages hauts en couleur ( c'est peu de le dire)- la convivialité d'un shop- se dire que le monde est petit mais pas encore assez- Apprendre qu'Elle y était le lendemain et se dire que la vie est parfois étrange et mal faite- se faire enrouler sous du film transparent- un sentiment d'accomplissement et une certaine fierté- parler plugs avec d'autres grandes oreilles- être dragué par une caissière qui me dit une fois arrivé en caisse " votre tatouage est magnifique " et rougir un peu- un tatouage qui dégorgetasjamaisvuçatkt- flirter avec Bépanthène- puer le Bépanthène- être obligé de dormir sur le dos (rahhhhhhhh)- attendre avec hâte les deux dernières séances et la couleur- voir des centaines de petits morceaux de croûte noire partir peu à peu- une cicatrisation qui ne pose aucun problème mais qui gratte- ne plus voir le même torse dans la glace- penser à se passer au remplissage des bras et des pieds- Ecouter Keaton Henson en pensant aux prochains- vouloir de plus en plus être un vieux tatoué barbu- avoir le tatouage dans la peau- se faire appeler " le guerrier " et sourire.

†††

WOODKID- IRON